Architecte d’intérieur et Chef !

Un virtuose qui excelle dans chaque projet qu’il entreprend pour le plus grand bonheur de nos yeux et de nos palais ! Un destin, une volonté de créer, de sublimer l’art et la gastronomie sous chacun de ses aspects. Une touche de génie, une passion inébranlable, une atmosphère grandiose !

| Propos recueillis par Ariane Dufourny |

Artiste dans l'âme

Quand j’étais gosse et que je passais mes vacances chez mes grands-parents à la campagne dans le Sud du Portugal, je m’amusais à construire des maisons en faisant des briques avec des boîtes d’allumettes et de la terre glaise. J’imitais les maçons que j’observais et je cuisais mes briques dans un petit four dans les murs de l’église où j’avais enlevé des pierres à côté de la sacristie. Très indépendant, très réservé, j’observais tout, je regardais tout mais je ne disais pas grand chose.

Avant l'âge adulte

A cette époque au Portugal, l’enfant était obligé de prendre de la maturité dans un pays d’extrême droite. On n’avait pas de liberté d’expression, d’agir. On vivait dans une situation de mé ance, de préoccupation de savoir qui écoute et du danger à chaque fois qu’on dit quelque chose contre le gouvernement.

La différence des classes sociales était énorme. Inconcevable que des gens d’une classe bourgeoise puissent avoir une relation avec des ouvriers. Mes parents sont tombés amoureux en cachette, je suis le fruit de leur union.

Mon père était un employé de mes grands-parents, un sourcier qui apprenait le métier avec son père. Il a été prisonnier presque durant dix-huit ans de sa vie parce qu’il était en désaccord avec le régime. On lui a arraché les ongles des mains et de pieds pour qu’il donne des camarades, des amis.

Ma mère a été envoyée chez une tante à Lisbonne qui était dans le commerce, une laiterie. J’ai vécu chez cette arrière-tante et mon petit frère est resté chez mes grands-parents maternels. Ensuite, elle a épousé un militaire de carrière. Et moi, j’étais révolté car à chaque fois que je faisais une connerie, on me reprochait d’être comme mon père.

Antoine-Pinto-Sofitel
Adolescent révolté, passionné ...

J’étais étudiant dans une école d’art décoratif. J’ai fait de la céramique, j’ai dessiné une collection de vêtements.

J’ai commencé à faire du théâtre avec un groupe de la Faculté de Droit de Lisbonne, du théâtre subversif contre le gouvernement. On jouait dans les universités et des usines. Notre dernière pièce « O Homúnculo », de Natália Correia, était interdite étant une caricature de Salazar ! Je vivais dans un milieu très politisé et artistique. J’ai fui le Portugal car j’avais un mandat de capture. Je n’ai même pas pu prévenir ma mère que j’allais « sauter » les frontières que j’ai passées en rampant, elles étaient gardées par des vigiles munis de mitraillettes et de phares.

Avec un sac à dos, je me suis retrouvé le 31 décembre 1968 au Drugstore Saint-Germain à me réchauffer avec les rideaux des portes d’entrée, je venais de faire tout le voyage en stop depuis Lisbonne. Avant d’arriver en Belgique, je suis passé par d’autres villes comme Paris, Amsterdam, Londres. Pendant presque un an, j’ai tourné dans toute l’Europe en stop, en vivotant, en dormant sur des paillassons, dans la rue, sans abri. Je n’ai rien demandé à personne et j’ai toujours gardé ma dignité, ma propreté ! Je faisais du business avec des carnets de métro, on ne m’a jamais pris pour un mendiant, un migrant.

La Belgique ...

Je me suis souvenu que j’avais un ami à Liège que j’avais connu à Lisbonne.

J’ai logé dans une maison communautaire. En septembre 1969, j’ai été à l’ONU demander mon refuge politique. J’allais avoir dix-sept ans le 27 décembre, le 17 janvier sur ma carte d’identité. Mon père était en prison quand je suis né et on l’a laissé sortir pour me reconnaître. Après une enquête de huit mois, j’ai reçu un passeport de l’ONU. Durant cette période, j’ai été travailler sur les autoroutes à arracher les mauvaises herbes et nettoyer le sang dans les abattoirs avec les repris de justice. Cela finissait souvent en bagarre. Heureusement, j’étais bien préparé physiquement à la lutte greco-romaine.

Recevoir mes papiers fut le plus grand bonheur de ma vie. C’est une libération extraordinaire, on t’ouvre les portes de ta cage ! J’ai retrouvé ma liberté de pouvoir m’inscrire dans un cours, de travailler sans me cacher.

Je me suis directement inscrit aux Beaux-Arts de Liège où j’ai fait de la peinture monumentale, de la sérigraphie, de la sculpture, de la peinture de chevalet et j’ai trouvé un emploi déclaré dans un bar le soir, ensuite dans des restaurants.

Votre métier ! Architecte d'intérieur ou restaurateur ?

J’ai fait les deux en parallèle.

Ma priorité de vie est d’être un artiste. J’ai fait cinq expositions en Belgique d’art conceptuel. Je fais de l’architecture d’intérieur, du design, de la peinture. Je dessine mes fauteuils et sculpte beaucoup d’objets que j’utilise dans mes décors, comme des clenches de portes, des éviers en marbre, en bronze, des cendriers, de la vaisselle…

La cuisine est une forme d’expression extraordinaire car tous les sens sont présents. J’ai ouvert mon premier restaurant en 1976, le « Honolulu ». En 1980, j’ai été cité parmi les 100 meilleurs cuisiniers d’Europe en cuisine française. En 1986, j’ai été le premier hors d’Italie, à recevoir le diplôme de l’Académie italienne de gastronomie pour le restaurant bruxellois « L’Ascoli ».

En 1993, dans le cadre de « Lisbonne Capitale Culturelle », le gouvernement portugais m’a invité à Barcelone à représenter la cuisine portugaise. Cinq événements culturels à faire dont une démonstration de la nouvelle cuisine, 250 couverts en huit services ! Suite à cet événement, j’ai a reçu le diplôme de l’Académie de la gastronomie portugaise.

Le Pakhuis, à Gand, est un projet de toutes pièces que j’ai réalisé depuis les fondations. J’ai dessiné tout l’immeuble extérieur et l’intérieur.

Sofitel-Louise
Les aliments que vous privilégiez

Je donne une importance immense et capitale à la nourriture, de par le fait que j’ai fait de la macrobiotique pendant des années. J’ai appris son importance pour notre organisme, notre vie, notre santé. J’ai ensuite opté pour une cuisine saine et des produits de qualité, sans surgelés.

J’ai réalisé plus de 120 restaurants, pas tous pour moi, je n’ai jamais mis dans mes projets un micro-ondes. A ma carte, il y a beaucoup de fruits de mer, de poissons, quelques viandes et toujours accompagnés de légumes.

Parmi vos nombreuses réalisations telles que la Quincaillerie, le Dock’s Café, le Majestic, le Pasta Comedia, Genval Les Bains, les Cliniques Saint-Michel et Sainte-Elisabeth, Midi Station, l’Hôtel So tel Louise, le trait commun...

Un arrêt sur le détail ! J’aime les matériaux nobles, du verre, du fer, du laiton, du bronze, parfois en Corian qui est minéral.

Votre inspiration ? 

Nulle part et partout ! Depuis mon enfance, toute ma vie, j’ai tout observé. Tout se trouve autour de nous, il suf t de savoir regarder ! Après, je fais mon shaker, mon cocktail.

Tout petit, je voulais déjà être un artiste, créer des choses !

— Antoine Pinto

Le Belga Queen qui vient de fêter ses 15 ans est membre du Brussels Exclusive Labels. Une reconnaissance…

Absolument même si je ne cherche pas les lettres de noblesse. Je fais de la belgitude et je privilégie la chaîne courte avec des producteurs belges.

Votre définition du luxe ?

L’espace est un luxe extraordinaire ! J’aime cette sensation de liberté, si j’ai de l’espace je suis l’homme le plus heureux au monde !

En Harley Davidson ...

C’est la liberté dans l’espace d’aller où je veux. J’ai créé un chapter, les « Brussels Crasy Monkeys ».

Vos rêves à exaucer ?

Je rêve d’une maison en haut d’une colline, avec vue sur la mer, trois ou quatre hectares de terrain remplis d’oliviers, le liquide de la vie et un atelier immense où je peux peindre et m’exprimer sur de très grandes toiles. Ma moto pour faire des promenades sur des routes sinueuses à la campagne et faire de l’huile d’olive !

Un bon pain, de l’huile d’olive, quelques olives, un petit verre de vin, j’ai assez avec cela !

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