Stereoclip
« L’éclectisme, j’y tiens, il me nourrit »
Mots : Servane Calmant
Photo : Benjamin Vandame
Figure emblématique de la scène électronique belge, le DJ et producteur Maxime Merkpoel aka Stereoclip affiche plus d’un million d’abonnés sur les plateformes. C’est dire si son nouvel album, « Reflex », 11 pistes de techno festive et vocale produite en total indépendance, était attendu. Rencontre avec un trentenaire discret, qui invite pourtant à enfiévrer le dancefloor.
La scène électro englobe de nombreux genres et sous-genres musicaux, underground ou plus commerciaux. Où vous situez-vous ? Pas facile de répondre à ce genre de question. Je dirais aux frontières de l’underground et de la production plus radiophonique.
Dans ce genre musical, comment arrive-t-on à poser les bases d’une véritable identité ? Très sincèrement, ma démarche n’est pas réfléchie mais instinctive. Je ne souhaite pas me cantonner à un seul genre. J’aime la house, la deep house, la tech house… Ce sont les labels qui cherchent en général à créer une identité musicale forte, pas forcément les artistes. L’artiste se retrouvant même parfois victime de cette catégorisation musicale. La construction de ma signature musicale est évolutive, en fonction de mes goûts, de mes pensées, de mes recherches et choix artistiques, de mes influences, de mes émotions, de mes envies, …
« Reflex » déroule 10 pistes résolument éclectiques avec un esprit clubbing affirmé. J’y tiens, en effet, à cet éclectisme car j’affectionne tous les sous-genres de la musique électro et que cette diversité me nourrit. Parallèlement, je souhaitais conserver le propre de l’électro : le côté résolument festif et dansant.
De la musique électro festive, vocale, mélodique, esprit clubbing, c’est forcément Stéréoclip. C’est une définition qui pourrait s’appliquer à beaucoup d’autres artistes (rires). En quatre albums, mon identité musicale a varié parallèlement à mon évolution personnelle. Je grandis, ma musique aussi.
Parlons d’évolution justement. Vous avez signé trois albums avec de grands labels de musique électronique avant de sortir « Reflex » en indépendant. Pourquoi ce choix ? Par quête de liberté ? Non, car je n’ai jamais été cloisonné artistiquement par un label. Si j’ai décidé de réaliser ce 4e album en indépendant, c’est d’abord pour gagner plus d’argent. Sur les titres diffusés en streaming, il y a une part qui revient à la plateforme, au label, à l’artiste… Quand on monte son propre business, la part qui nous revient est plus grande. Ensuite, je voulais me libérer d’une stratégie de marketing imposée. Attention, je ne critique pas du tout les labels, ils m’ont permis d’évoluer en tant qu’artiste, mais être indépendant, c’est jouir de plus de flexibilité notamment pour décider de la date de sortie d’un album et de la manière dont on va le promouvoir.
L’album se termine comme on clôture une soirée, en douceur avec le titre « 4 am ». Il est 4h du matin, et le saxo joue sa partition … C’est ainsi que je l’ai voulu. L’aube se lève, en douceur.
Aujourd’hui, vous déplacez les foules à chacune de vos performances. A quel moment avez-vous vu votre carrière internationale décoller ? Ma musique a très vite rencontré un succès certain en France, bien plus qu’en Belgique. L’explication est assez simple : mes deux précédents labels étaient français. (Delicieuse Records et Hungry Music – nda)
La Belgique a été pionnière de la musique électronique. Comment se porte la scène électro belge aujourd’hui ? Par chance, elle renaît de ses cendres. Pendant la covid, les politiques n’ont pas été tendres avec la culture. De manière plus générale, le monde de la nuit fait parfois peur, pourtant il se nourrit de belles valeurs. Le dancefloor, notamment, qui invite au partage avec les autres.
Maxime Merkpoel est-il un trentenaire festif ? Oui, j’aime faire la fête mais si je fais de la musique, c’est parce qu’elle me fait du bien. Elle me permet de vivre de chouettes expériences, de faire des rencontres intéressantes.
Vous avez enflammé les plus grands clubs du monde. Lequel vous a laissé le souvenir le plus dingue ? Le Fuse à Bruxelles (ce club mythique fête ses 30 ans, tout au long de cette année 2024 – nda), le Rex à Paris, le D! Club à Lausanne. Tout récemment, j’ai teasé mon album « Reflex » lors d’une soirée au centre culturel Imprimerie à Bruxelles. Un souvenir inoubliable.
Trois scènes qui vous ont marqué ? Dour en Belgique, Piknic Electronik à Montréal et Brunch-in the Park à Barcelone.
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